LIII. LE RETOUR DU TOMBEAU.JOSEPH
d'ARIMATHIE MIS EN PRISON.
Le sabbat allait commencer ; Nicodème et Joseph rentrèrent à Jérusalem
par une petite porte voisine du jardin, et qui était percée dans le mur de la
ville : c'était, je crois, par suite d'une faveur spéciale accordée à Joseph.
Ils dirent à la sainte Vierge, à Madeleine, à Jean et à quelques-unes des
femmes qui retournaient au Calvaire pour y prier, que cette porte leur serait
ouverte lorsqu'ils y frapperaient, aussi bien que celle du Cénacle. La soeur aînée
de la sainte Vierge, Marie, fille d'Héli, revint à la ville avec Marie, mère de
Marc, et quelques autres femmes. Les serviteurs de Nicodème et de Joseph se
rendirent au Calvaire pour y prendre les objets qui y avaient été laissés.
Les soldats se joignirent à ceux qui gardaient la porte de la ville et
Cassius se rendit auprès de Pilate portant avec lui la lance ; il lui raconta
ce qu'il avait vu, et lui promit un rapport exact sur tout ce qui arriverait
ultérieurement, si on voulait lui confier le commandement des gardes que les
Juifs ne manqueraient pas de demander pour le tombeau. Pilate écouta ses
discours avec une terreur secrète, cependant il le traita de rêveur fanatique,
et moitié par dégoût, moitié par superstition, il lui ordonna de laisser devant
la porte la lance qu'il avait apportée avec lui.
Comme la sainte Vierge et ses amies revenaient du Calvaire où elles
avaient encore pleuré et prié, elles virent venir à elles une troupe de soldats
avec une torche et se retirèrent des deux côtés du chemin jusqu'à ce qu'ils
fussent passés. Ces hommes allaient au Calvaire, vraisemblablement pour enlever
les croix avant le sabbat et pour les enfouir. Quand ils furent passés, les
saintes femmes continuèrent leur chemin vers la petite porte du jardin.
Joseph et Nicodème rencontrèrent dans la ville Pierre, Jacques le Majeur
et Jacques le Mineur. Tous pleuraient ; Pierre surtout était en proie à une
violente douleur ; il les embrassa, s'accusa de n'avoir pas été présent à la
mort du Sauveur, et les remercia de lui avoir donné la sépulture. Il fut
convenu qu'on leur ouvrirait la porte du Cénacle lorsqu'ils y frapperaient, et
ils s'en allèrent chercher d'autres disciples dispersés en divers lieux. Je vis
plus tard la sainte Vierge et ses compagnes frapper au Cénacle et y entrer,
Abénadar y fut aussi introduit, et peu à peu la plus grande partie des apôtres
et des disciples s'y réunirent. Les saintes femmes se retirèrent de leur côté
dans la partie où habitait la sainte Vierge. On prit un peu de nourriture et on
passa encore quelques minutes à pleurer ensemble et à raconter ce qu'on avait
vu. Les hommes mirent d'autres habits, et je les vis se tenant sous une lampe
et observant le sabbat. Ensuite ils mangèrent encore des agneaux dans le Cénacle,
mais sans joindre à leur repas aucune cérémonie, car ils avaient mangé, la
veille, l'agneau pascal ; tous étaient pleins d'abattement et de tristesse. Les
saintes femmes prièrent aussi avec Marie sous une lampe. Plus tard, lorsqu'il
fit tout à fait nuit, Lazare, la veuve de Naim, Dina
(1) D'après les visions de
Dina
Mara
Joseph
d'Arimathie revint tard du Cénacle chez lui ; il suivait tristement les rues de
Sion, accompagné de quelques disciples et de quelques femmes, lorsque tout à
coup une troupe d'hommes armés, embusqués dans le voisinage du tribunal de
Caïphe, fondit sur eux et s'empara de Joseph, pendant que ses compagnons
s'enfuyaient en poussant des cris d'effroi. Je vis qu'ils renfermèrent le bon
Joseph dans une tour attenante au mur de la ville, à peu de distance du
tribunal. Caïphe avait chargé de cette expédition des soldats païens qui
n'avaient pas de sabbat à observer. On avait, je crois, le projet de le laisser
mourir de faim et de ne rien dire de sa disparition.
Ici se terminant les récits du jour de