XXIII. MARIE PENDANT
Je vis la sainte Vierge en extase continuelle pendant la flagellation de
notre divin Rédempteur ; elle vit et souffrit intérieurement avec un amour et
une douleur indicibles tout ce que souffrait son fils. Souvent de faibles
gémissements sortaient de sa bouche ; ses yeux étaient rouges de larmes. Elle
était voilée et étendue dans les bras de Marie d'Héli, sa soeur aînée (1), qui
était déjà vieille et ressemblait beaucoup à Anne, leur Mère. Marie de Cléophas,
fille de Marie d'Héli était aussi là et se tenait presque toujours au bras de
sa mère. Les saintes amies de Marie et de Jésus étaient voilées, tremblantes de
douleur et d'inquiétude, serrées autour de la sainte Vierge, et poussant de
faibles gémissements comme si elles eussent attendu leur propre sentence de
mort. Marie avait une longue robe blanche et par-dessus un grand manteau de
laine blanche avec un voile d'un blanc approchant du jaune. Madeleine était
bouleversée et terrassé par la douleur, ses cheveux étaient épars sous son
voile.
(1)
Marie d'Héli est souvent mentionnée dans
ce récit. D'après l'ensemble des visions de la soeur sur la sainte Famille,
celle-ci était fille de Joachim et d'Anne, née prés de vingt ans avant la
sainte Vierge. Elle n'était pas l'enfant de la promesse et elle est distinguée
des autres Marie par le nom de Marie d'Héli, parce qu'elle était fille de
Joachim ou Heliachim. Son mari s'appelait Cléophas et sa fille Marie de
Cléophas. Celle-ci, nièce de la sainte Vierge, était pourtant plus âgée
qu'elle. Son premier mari s'appelait Alphée : les fils qu'elle avait eux de
celui-ci étaient les apôtres Simon, Jacques-le-Mineur et Jude Thaddée. Elle
avait en de Sabas, son second mari, Joseph Barsabas, et d'un troisième mariage
avec un certain Jonas, Siméon, qui fut évêque de Jérusalem.
Lorsque Jésus, après