Visions de Sainte Brigitte de Suède
« Tandis que je m'affligeais et pleurais
sur le Mont Calvaire, je vis mon Seigneur nu et flagellé, emmené par les Juifs
pour être crucifié. Sur le mont, on avait creusé une fosse et les bourreaux
étaient là tout autour, prêts à exécuter leur tâche impie. Mais le Seigneur se
tournant vers moi dit: "Observe attentivement pourquoi dans cette fente de
la montagne, à l'heure de ma Passion, fut planté le pied de
Quand Il fut sur le gibet de bois, Il
étendit son bras immédiatement et volontairement, ouvrit sans contrainte sa
main droite et la posa sur
Tandis que, vaincue par la douleur,
j'observais leur cruauté, je vis que sa Mère, abattue, était à terre,
tremblante et presque morte. Jean et les "soeurs" de
Les beaux yeux de Jésus semblaient presque
éteints, sa bouche était ouverte et sanguinolente, son visage pâle et creusé,
presque bleuâtre et couvert de sang. Tout son corps était livide et extrêmement
affaibli par la continuelle hémorragie. La peau et la chair virginale de son
très saint Corps étaient si délicates et fragiles, qu'au plus léger coup
apparaissait une trace bleuâtre. Par instants, Il cherchait à s'étendre sur
Hors
de Lui, à cause de l'immense douleur, et proche de la mort, Il cria vers son
Père d'une voix forte et affligée: "O Père, pourquoi m'as Tu
abandonné?" Ses lèvres étaient livides, sa langue couverte de sang et son
estomac enfoncé adhérait à l'épine dorsale comme s'il n'y avait pas eu
d'intestins. Il cria de nouveau dans l'extrême douleur de l'angoisse:
"Père, entre Tes mains Je remets mon Esprit!" Puis sa tête se souleva
un peu mais retomba aussitôt, et c'est ainsi qu'il rendit le dernier soupir. En
voyant cela, sa Mère frémit en tout son corps d'une immense douleur, et Elle
serait tombée à terre si les autres femmes ne l'avaient soutenue. A ce moment,
les mains du Christ, par le grand poids de son corps, s'abaissèrent un peu de
la place où elles avaient été clouées, et le corps ne fut plus soutenu que par
les clous qui traversaient les pieds. Les doigts, les mains et les bras étaient
plus tendus qu'avant. L'épaule et le cou étaient retenus fortement sur
Certains dirent: "Marie, maintenant Il
est mort ton Fils!" D'autres se moquèrent d'elle de diverses manières. Et
tandis que la foule était là tout autour, s'agitant furieusement, arriva un
homme qui enfonça une lance dans le côté droit de Jésus avec tant de violence
que celle-ci transperça le corps de part en part. Alors que pénétrait la lance,
un grand jet de sang surgit de la blessure et recouvra la pointe et une partie
du manche. La Vierge, voyant cela, frémit et pleura amèrement. Par son
expression et par ses gestes, on comprenait que son âme était transpercée par
l'épée aiguë de la douleur. Puis la foule s'éloigna, et quelques amis du
Seigneur le descendirent de la Croix. La douce Mère le prit entre ses bras et
demeura assise, ayant sur les genoux son Fils blessé, lacéré et livide. Elle
essuya avec un morceau de lin tout son Corps meurtri, Lui baisa les yeux en les
fermant, et L'enveloppa dans un drap de lin. C'est ainsi que, dans une
abondance de pleurs et de lamentations, ils l'emportèrent et le déposèrent dans
la tombe »
.
(D'après LFJ)