LXIII. JOSEPH D'ARIMATHIE EST MIS EN
LIBERTE
Peu après le retour de la sainte Vierge auprès de ses compagnes, je vis
Joseph d'Arimathie priant dans sa prison. Tout à coup le cachot fut inondé de
lumière, et j'entendis une voix qui l'appelait par son nom. Le toit fut soulevé
de manière à laisser une ouverture ; puis je vis une forme lumineuse lui tendre
un drap qui me rappela le linceul où il avait enseveli Jésus et lui dire de
s'en servir pour monter. Joseph le saisit à deux mains, et, appuyant ses pieds
sur des pierres qui faisaient saillie, il s'éleva à la hauteur de dix ou douze
pieds, jusqu'à l'ouverture qui se referma derrière lui. Lorsqu'il fut au haut
de la tour, l'apparition s'évanouit. Je ne sais si ce fut le Sauveur lui même,
ou si ce fut un ange qui le délivra.
Il Suivit quelque temps le mur de la ville jusque dans le voisinage du
Cénacle qui était près du mur méridional de Sion. Il descendit alors et frappa
au Cénacle. Les disciples rassemblés avaient fermé les portes : ils avaient été
très affligés de la disparition de Joseph, et croyaient qu'on l'avait jeté dans
un égout, parce que le bruit s'en était répandu. Lorsqu'on lui ouvrit et qu'il
entra, leur joie fut grande, comme elle le fut plus tard lorsque saint Pierre
fut délivré de sa prison. Il raconta ce qui lui était arrivé : ils en furent
réjouis et consolés, lui donnèrent à manger et remercièrent Dieu. Pour lui, il
quitta Jérusalem dans la nuit, et s'enfuit à Arimathie, sa patrie; il revint
pourtant lorsqu'il sut qu'il n'y avait plus de danger pour lui.
Je vis aussi, vers la fin du sabbat,
Caïphe et d'autres prêtres s'entretenir avec Nicodème dans sa maison. Ils lui
firent plusieurs questions avec une bienveillance feinte ; je ne me souviens
plus de ce que c'était. Il resta ferme dans sa foi, défendit constamment
l'innocence de Jésus, et ils se retirèrent.