XXXI. PREMIERE CHUTE DE JESUS SOUS LA CROIX


 

  La rue, peu avant sa fin, se dirige à gauche, devient plus large et monte un peu ; il y passe un aqueduc souterrain venant de la montagne de Sion ; je crois qu'il longe le forum où courent aussi sous terre des rigoles revêtues en maçonnerie, et qu'il aboutit à la piscine Probatique, près de la porte des Brebis. J'ai entendu le bruit de l'eau coulant dans les conduits. On trouve avant la montée une espèce d'enfoncement où il y a souvent de l'eau et de la boue quand il a plu, et où l'on a placé une grosse pierre pour faciliter le passage, ce qui se voit souvent dans les rues de Jérusalem, lesquelles sont très inégales en plusieurs endroits.

 

   Lorsque Jésus arriva là, il n'avait plus la force de marcher ; comme les archers le tiraient et le poussaient sans miséricorde, il tomba de tout son long contre cette pierre, et la croix tomba prés de lui. Les bourreaux s'arrêtèrent en le chargeant d'imprécations et en le frappant à grands coups de pied ; le cortège s'arrêta un moment en désordre : c'était en vain qu'il tendait la main pour qu'on l'aidât :  Ah ! dit-il, ce sera bientôt fini , et il pria pour ses bourreaux ; mais les Pharisiens crièrent :  Relèves-le ; sans cela il mourra dans nos mains.  Des deux côtés du chemin on voyait ça et là des femmes qui pleuraient et des enfants, qui s'effrayaient. Soutenu par un secours surnaturel Jésus releva la tête, et ces hommes abominables, au lieu d'alléger ses souffrances, lui remirent ici la couronne d'épines. Lorsqu'ils l'eurent remis sur ses pieds en le maltraitant, ils replacèrent la croix sur son dos, et il lui fallut pencher de côté, avec des souffrances inouïes, sa tête déchirée par les épines, afin de faire place sur son épaule au fardeau dont il était chargé. C'est avec ce nouvel accroissement à ses tortures qu'il gravit en chancelant la montée que présentait ici la rue devenue plus large.

 

 

 

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