Message et Secret des Apparitions de
la Mère de Jésus
à Fatima au Portugal
Pie XII, s'adressant au Portugal en portugais, le 31 octobre
1942, lors de la clôture des commémorations des noces d'argent des
apparitions de Fatima, consacra le monde entier au Cœur immaculé de Marie.
Dix années plus tard, le 7 juillet 1952, il fit la Consécration de la Russie
au même Cœur immaculé : «D'une façon toute particulière, nous vouons et
consacrons tous les peuples de la Russie au même Cœur immaculé.» Paul VI, lors de la
clôture de la troisième session du concile Vatican II, le 21 novembre 1964, a
prononcé les paroles suivantes devant tous les évêques de l'Église
catholique : «Notre regard s'ouvre vers les horizons sans fin du monde
entier... que notre prédécesseur Pie XII, de vénérable mémoire, non sans une
inspiration venue d'en haut, consacra solennellement au Cœur immaculé de
Marie. Cet acte de consécration, nous le jugeons opportun et nous nous en
souvenons aujourd'hui d'une manière particulière. À cette fin, nous décidons
d'envoyer prochainement, par le biais d'une mission spéciale, la Rose d'Or au
sanctuaire de Notre-Dame de Fatima... |
À ton Cœur immaculé, ô ! Marie, nous recommandons
finalement toute l'humanité» conclut le pape. Ce fut la première fois, dans l'histoire
bimillénaire de l'Église qu'une révélation particulière fut mentionnée durant
un concile œcuménique. Par un autre geste significatif, également unique dans
l'histoire de l'Église, le Pape présenta la voyante Lucia à la foule immense
qui était rassemblée sur l'esplanade de la Cova da Iria, quand Paul VI visita
ce sanctuaire à l'occasion du cinquantenaire des apparitions, le 13 mai 1967.
Jean-Paul II a
peut-être dépassé tous ses prédécesseurs dans la compréhension et la mise en
pratique du message de Fatima. En annonçant en 1982, sa visite au Sanctuaire,
il a déclaré expressément : «De fait, ce n'est pas seulement pour
exprimer ma gratitude à Notre-Dame que je me suis rendu en pèlerinage à Fatima.
Je vais aussi dans ce lieu béni, pour écouter de nouveau, au nom de l'Église
entière, le message qui a résonné il y a 65 ans sur les lèvres de notre Mère
commune.»
Uni à tous les pasteurs de l'Église, le jour de sa première
visite à Fatima, le 13 mai 1982, il consacra le monde entier au Cœur immaculé de
Marie, en rajoutant ces paroles significatives : «D'une façon spéciale
nous vous remettons et nous vous consacrons ces hommes et ces nations qui ont
particulièrement besoin de vous être confiés et consacrés.»
Ce que pense Jean-Paul II au sujet des manifestations de Notre-Dame à Fatima,
peut se résumer aux paroles qu'il a prononcées le 26 juillet 1987, durant
l'année de Marie : «Les apparitions de sainte Marie à Fatima, renforcées
par les signes extraordinaires intervenus en 1917, forment comme un point de
référence et de rayonnement pour notre siècle.»
Vierge Marie : «En octobre, je ferai un miracle qui
permettra à tout le monde de voir et de croire» assure-t-elle le 13 juillet. Le
19 août : «Le dernier mois, je ferai le miracle pour qu'ils y croient
tous.» Le 13 septembre, elle répète de nouveau : «En octobre, je ferai le
miracle pour qu'ils y croient tous.»
Ce miracle et d'autres faits extraordinaires conduisirent
l'évêque de Leiria, D. José Alves Correia da Silva à déclarer lors de sa
pastorale du 13 octobre 1930 : «Nous avons l'honneur :
1. De déclarer comme dignes de confiance les visions des enfants de la Cova da
Iria, paroisse de Fatima, de ce diocèse, du 13 mai au 13 octobre 1917 ;
2. De permettre officiellement le culte de Notre-Dame de Fatima.»
«L'Église a toujours enseigné, et continue à proclamer que la révélation de Dieu a été accomplie de manière pleine et entière en Jésus Christ, et "qu'il n'y a pas lieu d'attendre une autre révélation publique, avant la glorieuse manifestation de Notre Seigneur Jésus Christ" (Const. Dei Verbum, 4). Cette même Église apprécie et juge les apparitions privées selon le critère de leur conformité avec cette unique révélation publique. Ainsi, si l'Église a accepté le message de Fatima, c'est surtout parce que ce message contient une vérité et un appel qui, dans leur contenu fondamental, sont la vérité et l'appel de l'Évangile lui-même.»
1916
Première
apparition de l'ange
1 Au printemps 1916, alors que les trois pastoureaux,
Lucia, Francisco et Jacinta, étaient en train de jouer à la Loca do Cabeço, ils
virent venir vers eux, passant au-dessus de l'oliveraie «un jeune garçon
d'environ 14 ou 15 ans, d'une grande beauté, plus blanc que neige et que le
soleil rendait transparent comme s'il était en cristal.
En arrivant près de nous il dit :
-N'ayez pas peur. Je suis l'Ange de la paix. Priez avec moi. Et,
s'agenouillant à terre, il courba la tête jusqu'au sol, et il nous fit répéter
trois fois ces paroles :
- Mon Dieu, je crois, j'adore, j'espère et je Vous aime. Je
Vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, n'adorent pas, n'espèrent pas
et ne Vous aiment pas.
Puis, se relevant, il dit :
- Priez ainsi. Les Cœurs de Jésus et de Marie sont attentifs à la voix de
vos suppliques.
Et il disparut. L'atmosphère de surnaturel qui nous
enveloppa était si intense que pendant un long moment, nous n'eûmes
pratiquement plus conscience de notre propre existence, restant dans la
position dans laquelle l'Ange nous avait laissés, répétant toujours la même prière.
Ses paroles se gravèrent d'une manière telle dans notre esprit, que jamais nous
ne les avons oubliées. Et à partir de là, nous avons continué longtemps à les
répéter, prosternés, jusqu'à tomber de fatigue.»
La seconde apparition de l'Ange eut lieu, non pas à l'endroit de la première, mais sur le
puits du jardin potager de la famille de Lucia, où les trois pastoureaux
jouaient, à l'abri des ardeurs du soleil.
«Soudain, nous avons vu près de nous la figure de
l'Ange :
- Que faites-vous ? Priez ! Priez beaucoup ! Les Cœurs de
Jésus et de Marie ont sur vous des desseins de miséricorde. Offrez constamment
au Très-Haut prières et sacrifices.
-Comment devons-nous faire des sacrifices ? demandai-je.
- De toutes les manières que vous pourrez, offrez un sacrifice en guise de
réparation pour les péchés pour lesquels Il est offensé et de supplique pour la
conversion des pécheurs. Attirez ainsi la paix sur votre patrie. Je suis son
Ange gardien, l'Ange du Portugal. Surtout, acceptez et supportez avec soumission
la souffrance que le Seigneur vous envoie.
Ces paroles de l'Ange se gravèrent dans notre esprit, comme
une lumière qui nous faisait comprendre qui était Dieu, comment il nous aimait
et désirait être aimé, la valeur du sacrifice et comment il Lui était agréable
; comment, par ce biais, Il convertissait les pécheurs. De fait, à partir de ce
moment, nous commençâmes à offrir au Seigneur tout ce qui nous mortifiait.»
Troisième apparition de l'ange
Trois mois après, l'envoyé céleste descendit de nouveau avec le message le plus
sublime à Loca do Cabeço, le lieu de la première apparition.
«Je pense que la troisième apparition a dû avoir lieu en
octobre ou à la fin du mois de septembre...
Dès que nous sommes arrivés là, à genoux, face contre terre, nous avons commencé à répéter la prière de l'Ange : Mon Dieu, je crois, j'adore, j'espère et je Vous aime, etc. J'ignore combien de fois nous avions répété cette prière, lorsque nous avons vu briller sur nous une lumière inconnue.
Nous nous sommes redressés pour
voir ce qui se passait et nous avons vu l'Ange tenant dans la main gauche un
calice dans lequel tombaient quelques gouttes de sang, depuis l'hostie
suspendue au-dessus. Il s'agenouilla près de nous et nous fit répéter trois
fois :
Très sainte Trinité, Père,
Fils, Saint-Esprit, je Vous adore profondément et je Vous offre le très
précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Jésus Christ, présent dans tous les
tabernacles de la Terre, en réparation des outrages, sacrilèges et
indifférences dont Lui-même est offensé. Et, par les mérites infinis de son
Très Saint Cœur et du Cœur immaculé de Marie, je Vous demande la conversion des
pauvres pécheurs.
Puis, se levant, il prit de
nouveau dans sa main le calice et il me donna l'hostie. Ce que contenait le
calice, il le donna à boire à Jacinta et à Francisco, tout en disant :
Prenez et buvez le Corps et le
Sang de Jésus Christ horriblement outragé par les hommes ingrats. Réparez leurs
crimes et consolez votre Dieu.
De nouveau, il se prosterna à
terre et il répéta avec nous la prière, trois fois de plus : très Sainte
Trinité, etc. et il disparut. Portés par la force du surnaturel qui nous
enveloppait, nous imitâmes l'Ange totalement, c'est-à-dire en nous prosternant
comme lui et en répétant les prières qu'il disait. La force de la présence de
Dieu était si intense qu'elle nous absorbait et nous annihilait presque
complètement. Elle sembla même nous priver de l'usage de nos sens pendant un
long moment.»
Le message de l'Ange
Serait-ce le même ange qui lors de la première apparition se présente comme l'Ange de la paix, lors de la deuxième comme l'Ange du Portugal et qui à l'occasion de la troisième, se manifeste comme étant l'Ange de la Réparation Eucharistique ? Lucia répond textuellement : «Il me semble que c'est toujours le même» et elle déclare ne pas avoir noté de différence à son sujet, entre la première et la seconde apparition. De ce fait, le Rév. Dr Sebastião Martins dos Reis conclut : «L'Ange de toutes ces apparitions est certainement le même, puisque les voyants eurent la sensation et la conviction qu'il était identique. En effet, ils se réfèrent invariablement, non pas à un ange ou à un autre, mais au même ange, qui est toujours celui du Portugal.»
Les apparitions de l'Ange à Fatima viennent nous rappeler quelques
vérités de notre foi.
1 La première est l'existence des
anges. Du Concile Œcuménique de Nicée, en 325, jusqu'au Concile Vatican II, en
1965, l'Église a toujours proposé ou supposé l'existence des anges, comme une
vérité de la foi. Voici les mots qui ont été prononcés au quatrième Concile de
Latran et qui ont été répétés lors du premier Concile du Vatican :
«Depuis le début des temps, Dieu a créé simultanément les deux créatures à
partir de rien, la spirituelle et la corporelle, c'est-à-dire l'angélique et la
terrestre.» Le récent Concile Vatican II se réfère à eux quatre fois (LG 49,
50, 66, 69).
2 Les Anges des nations. Si,
comme nous l'enseigne l'Église en citant les paroles de Jésus (Mt 18, 10),
chaque personne a son Ange gardien, les nations jouissent également du même
privilège (Dn 10, 13.21; 12,1). Daniel affirme expressément que saint Michel
est l'Ange du peuple élu et que la Perse et la Grèce ont aussi leur Ange (Dn
10, 13. 20). Nous savons que l'Ange qui est apparu à Fatima est celui à qui est
confié le Portugal, comme il le déclare lui-même : «Attirez ainsi la paix
sur votre Patrie. Je suis son Ange gardien, l'Ange du Portugal.»
Le Portugal, la seule nation du monde qui depuis le XVIe
siècle (6.6.1504) célébrait la fête liturgique de son Ange gardien, a vu
récompensée cette dévotion par l'apparition de cet Être Céleste qui veille sur
son bien. L'Ange recommande la prière, la réparation et le sacrifice pour
attirer la paix vers la nation qui lui est confiée.
3 La première impression que nous
recevons au contact du monde angélique de la Bible, est le respect, la
soumission et la vénération des anges devant la majesté infinie de Dieu. «Tous
les anges... lisons-nous dans le livre de l'Apocalypse, se prosternèrent devant
le trône et ils adorèrent Dieu.» (Apoc. 7, 11)
À Fatima, cette attitude
révérencieuse apparaît également. Lors de la première apparition, l'Ange s'est
agenouillé à terre en «courbant la tête jusqu'au sol» et en faisant répéter
trois fois aux pastoureaux les actes de foi, d'espérance et de charité. Lors de
la troisième visite, il s'est agenouillé de nouveau et, avec le visage contre
terre, il a prononcé un acte de réparation hautement théologique, dirigé vers
la Sainte Trinité : «Très Sainte Trinité, Père, Fils, Saint Esprit, je Vous
adore profondément. etc.»
4 Les mots. Les termes utilisés par l'Ange sont en parfaite conformité avec la Bible. Le texte sacré désigne Dieu soixante-quinze fois par le mot Très-Haut (69 dans l'Ancien Testament et six dans le Nouveau). Rappelons-nous seulement quelques passages de l'Évangile. L'Archange St. Gabriel dit à Marie : «Il sera grand et sera appelé le Fils du Très-Haut... La vertu du Très-Haut te couvrira comme son ombre.» (Lc. 1, 32, 35) Se référant à son fils, le futur précurseur, St. Jean-Baptiste, dit à son père, le vieux Zacharie : «Et toi, petit, tu seras appelé le prophète du Très-Haut.» Et l'Ange mauvais de Gerasa : «poussant des cris et d'une voix forte» il tomba aux pieds de Jésus en s'exclamant : «Qu'y a-t-il entre toi et moi, Jésus, Fils du Très-Haut ?» (Lc. 6, 28).
5. En entendant l'Ange calmer les pastoureaux lors de sa première apparition («N'ayez pas peur.»), nous avons l'impression d'écouter St. Gabriel disant, dans le temple de Jérusalem, au père du futur St. Jean-Baptiste : «N'aie pas peur, Zacharie.» (Lc. 1, 13) ou en s'adressant à Notre-Dame, dans l'humble maison de Nazareth : «N'aie pas peur, Marie.» (Lc. 1, 30) Celui-là ou un autre messager céleste calma les bergers de Bethléem, le jour de Noël avec cette recommandation : «N'ayez pas peur.» (Lc. 2, 10)
6. Les deux prières enseignées par le Messager Céleste, nous les trouvons tellement belles et parfaites qu'elles nous paraissent ne pas pouvoir avoir une origine terrestre. Nous les commenterons donc.
Les demandes de l'Ange : Prière, Sacrifice,
Eucharistie.
Lors de sa première visite, il
demande des prières et il enseigne une belle supplique «simple dans sa forme et
très riche de contenu... Tout théologien en ayant pris connaissance, ne pourra
que l'admirer. À travers la simplicité de l'expression de la doctrine,
parfaitement compréhensible pour n'importe quel enfant, on retrouve les actes
des plus hautes vertus chrétiennes : des vertus théologales, les plus
importantes, et de la reine des vertus morales, la religion... jusqu'à la
prière pour ceux qui ne croient pas... en passant par l'exercice de la
réparation.»
L'Ange garantit : «Les
Cœurs de Jésus et Marie sont attentifs à la voix de vos suppliques.» Une telle
recommandation fait écho aux promesses du Seigneur, tant de fois répétées dans
l'Évangile, lorsqu'il s'engage à rester toujours à l'écoute de nos
prières : «Demandez et vous recevrez; cherchez et vous trouverez; frappez
et l'on vous ouvrira.» (Mt. 7, 7)
À la prière constituant la seule demande de cette
apparition, l'Ange ajoute, lors de sa seconde visite, une demande de
sacrifices : «Priez ! Priez beaucoup ! Offrez constamment au
Très-Haut des prières et des sacrifices... De toutes les manières que vous
pourrez, offrez un sacrifice.»
Remarquons l'insistance de ce
message. L'Ange demande que l'on prie beaucoup et constamment; à l'inverse des
tendances du monde actuel, où l'on prie peu et rapidement. Pourquoi la prière
et le sacrifice ? «En guise de réparation pour les péchés pour lesquels
Il est offensé et de supplique pour la conversion des pécheurs.» Si la guerre
est, comme nous l'enseigne tant de fois la Bible, le châtiment mérité pour nos
péchés (Dst. 28, 47 ss. ; 2 Crón. 12, 5 ss. ; 24, 24; Jz. 3, 8; 4, I-3; 6, 1;
10, 6-9; 13, 1; Is. 5, 25 ss. ; Jer. 5, 15 ss. ; Mac. 13, 7 ), la prière et la
pénitence sont le meilleur moyen d'apaiser Dieu et d'obtenir la paix :
«Attirez ainsi sur votre patrie la paix.» recommande l'Ange.
Durant la troisième visite,
l'Ange apporte aux trois enfants «le Corps et le Sang de Jésus Christ
horriblement outragé par les hommes ingrats» et il leur enseigne un très bel
acte de réparation qui sera commenté dans le chapitre consacré à l'Eucharistie
et qu'il répète avec eux six fois, trois fois avant et trois fois après la sainte
communion.
Le cycle Marial
1917 : première apparition
Au terme de la soigneuse préparation réalisée par l'Ange, les voyants restèrent
sensibilisés aux confidences de la Mère de Dieu.
Le dimanche 13 mai 1917, vers midi, les trois petits
pastoureaux, Lucia (10 ans), et ses cousins, Francisco (9 ans) et Jacinta (7
ans), virent «au-dessus d'un chêne vert, une Dame vêtue entièrement de blanc,
plus brillante que le soleil, resplendissant d'une lumière plus claire et plus
intense que celle d'un verre de cristal rempli d'une eau cristalline et
traversé par les rayons du soleil le plus ardent.
Nous nous sommes arrêtés, surpris par l'apparition. Nous
étions si près que nous nous sommes retrouvés à l'intérieur de la lumière qui
l'entourait ou dont elle resplendissait, à environ un mètre et demi de
distance. Notre-Dame nous a alors dit :
-N'ayez pas peur. Je ne vous veux aucun mal.
- D'où êtes-vous ? lui demandai-je.
- Je suis du Ciel.
- Et que voulez-vous de moi ?
- Je suis venue pour vous demander que vous veniez ici les six prochains
mois, le 13 de chaque mois, à cette même heure. Par la suite, je dirai qui je
suis et ce que je veux. Ensuite, je reviendrai encore ici une septième fois.
- Et moi, est-ce que j'irai également au Ciel ?
- Oui, tu iras.
- Et Jacinta ?
- Elle aussi.
- Et Francisco ?
- Lui aussi, mais il doit réciter beaucoup de chapelets.
J'ai alors eu l'idée de demander pour deux filles qui
étaient mortes récemment. Elles étaient mes amies et elles venaient chez moi
apprendre à tisser avec ma sœur aînée :
- Est-ce que Maria das Neves est déjà au ciel ?
- Oui, elle y est.
- Et Amélia ?
- Elle restera au purgatoire jusqu'à la fin du monde.
- Voulez-vous vous offrir à Dieu pour supporter toutes les souffrances qu'Il
voudra vous envoyer, en acte de réparation pour les péchés dont Il est offensé
et de supplication pour la conversion des pécheurs ?
- Oui, nous le voulons.
- Vous allez donc avoir beaucoup à souffrir, mais la grâce de Dieu sera
votre réconfort.
Ce fut en prononçant ces paroles «la grâce de Dieu, etc.»
qu'elle ouvrit les mains pour la première fois et nous communiqua une lumière
très intense (comme un reflet qui aurait émané d'elles) pénétrant en nous par
la poitrine et jusqu'au plus intime de notre âme, nous faisant nous voir
nous-mêmes en Dieu, qui était cette Lumière, plus clairement que ce nous
aurions pu voir dans le meilleur des miroirs.»
Notre-Dame annonce aux pastoureaux une vie de souffrance :
«Vous allez avoir beaucoup à souffrir.» Pour qu'ils puissent supporter une
croix aussi lourde, elle leur promet l'aide d'une grâce dont elle leur permet
de ressentir la mystérieuse réalité.
«Alors, sous l'effet d'une impulsion intérieure qui nous
fut également communiquée, nous sommes tombés à genoux et nous avons répété du
fond du cœur :
- Ô ! Très Sainte Trinité, je Vous adore. Mon Dieu, mon
Dieu, je Vous aime dans le Très Saint Sacrement.
Après ces premiers instants, Notre-Dame ajouta :
- Récitez le chapelet tous les jours pour que le monde
puisse obtenir la paix et la fin de la guerre.
Ensuite, elle commença à s'élever tranquillement, montant
en direction du levant, jusqu'à disparaître dans l'immensité du ciel.»
Au cours de cette apparition, Notre-Dame a demandé trois
choses :
Premièrement : de se rendre en ce
lieu lors des six mois suivants, le 13 du mois, à cette même heure. Nous savons
que malgré la persécution, la contestation et les punitions, les pastoureaux
furent toujours présents à la Cova da Iria, le 13 du mois, à l'heure indiquée
par Notre-Dame.
Deuxièmement : de réciter le chapelet chaque jour, chose qui représentait un intérêt tout particulier pour le salut de Francisco. Sur ce point, les voyants furent également des exécuteurs fidèles des demandes de la Mère de Dieu et ce, dès le jour même de l'apparition. Le soir même ils demandèrent et ils insistèrent auprès de leurs parents pour pouvoir réciter le chapelet.
Francisco, en particulier, multipliait les chapelets à la
maison, dans les collines et partout, pour que Notre-Dame lui ouvre le chemin
du Ciel.
Troisièmement : de s'offrir comme victimes à travers des
actes de réparation et des supplications pour la conversion des pécheurs. Le
«Oui, nous le voulons.» prononcé par Lucie fut fidèlement mis en pratique par
les trois enfants. Ils eurent beaucoup à souffrir les pauvres enfants ! Ils
furent moqués, ridiculisés, punis, persécutés, emprisonnés dans la maison
d'arrêt pendant trois jours et il y eut ensuite, la maladie de Francisco,
pendant près de six mois et celle de Jacinta, pendant un an et demi. À ces souffrances
provenant d'une mission choisie pour eux par le Seigneur, les voyants
ajoutèrent constamment des sacrifices volontaires.
Seconde apparition
Malgré la fête de saint Antoine, la plus populaire et la plus courue de la
paroisse, les trois enfants se présentèrent à la Cova da Iria, faisant le
sacrifice de ne pas participer aux réjouissances particulières de cette
journée.
Voici comment s'engagea le dialogue entre la Visiteuse céleste et ses confidents
«Que voulez-vous de moi ?
demandai-je.
- Je veux que vous veniez ici
le 13 du mois qui vient, que vous récitiez le chapelet tous les jours et que
vous appreniez à lire. Ensuite je vous dirai ce que je veux.
- J'ai demandé la guérison d'un malade.
-S'il se convertit, il guérira durant l'année.
- Je voudrais vous demander de nous emmener au Ciel.
- Oui, Jacinta et Francisco,
je vais les emmener bientôt. Mais toi tu restes ici encore quelque temps. Jésus
veut se servir de toi pour me faire connaître et aimer. Il veut établir dans le
monde la dévotion à mon Cœur immaculé. À ceux qui s'y adonneront, je promets le
salut et ces âmes seront chéries par Dieu, comme des fleurs posées par moi pour
orner son trône.
- Je vais rester seule ici ? demandai-je tristement.
- Non ma fille. Cela te fait beaucoup souffrir ? Ne te
décourage pas. Je ne t'abandonnerai jamais. Mon Cœur immaculé sera ton refuge
et le chemin qui te conduira jusqu'à Dieu.
Ce fut au moment où elle dit
ces dernières paroles qu'elle ouvrit les mains et nous communiqua pour la
seconde fois le reflet de cette lumière immense. En elle nous nous sommes vus
comme engloutis en Dieu. Jacinta et Francisco paraissaient être dans la partie
de cette lumière qui s'élevait vers le Ciel et moi dans celle qui se répandait
sur la Terre. Devant la paume de la main droite de Notre-Dame, il y avait un
Cœur qui semblait percé par les épines qui l'entouraient. Nous comprîmes qu'il
s'agissait du Cœur immaculé de Marie, outragé par les péchés de l'humanité et
qui demandait réparation.»
Dans cette apparition commence à se manifester la grande
révélation de Fatima, le Cœur de Marie entouré d'épines, symbole de
l'ingratitude des hommes et des offenses pour lesquelles il est outragé. Pour
tout cela, il vient demander réparation.
Francisco, très impressionné par ce qu'il avait vu, demanda
à ses compagnes :
«Pourquoi Notre-Dame avait-elle dans la main un cœur
répandant sur le monde cette lumière si intense, semblable à Dieu ? Tu étais
avec Notre-Dame dans la lumière qui descendait vers la Terre, alors que Jacinta
et moi nous étions dans celle qui montait vers le Ciel.
- C'est que, lui répondis-je, toi et Jacinta allez
rejoindre bientôt le Ciel, tandis que moi, je vais rester avec le Cœur immaculé
de Marie, un peu plus longtemps sur Terre.»
Et elle ne se trompait pas. Dans le faisceau de lumière
qui montait vers le haut se trouvaient les deux pastoureaux les plus jeunes
qui, peu de temps après, allaient partir vers le Ciel. Dans la lumière qui se
répandait sur le monde, il y avait Lucie, dont la mission était de rester sur
Terre afin de contribuer à la propagation du culte du Cœur immaculé de Marie.
Comme pour cette mission l'écriture lui serait nécessaire, Notre-Dame lui a
demandé d'apprendre à lire.
Troisième apparition
La plus importante des apparitions de la Cova da Iria, l'apparition -clé, le
fondement de tout le message de Fatima, est la troisième apparition, celle du
13 juillet. Écoutons une fois de plus la description de Lucia :
«Que voulez-vous de moi ? demandai-je.
- Je veux que vous veniez ici le 13 du mois prochain, que
vous continuiez à dire le chapelet tous les jours, en l'honneur de Notre-Dame
du Rosaire, pour obtenir la paix du monde et la fin de la guerre, parce qu'elle
seule peut vous secourir.
- Je voudrais vous demander de nous dire qui vous êtes et
de faire un miracle pour que tous croient que Vous nous apparaissez.
- Continuez à venir ici tous les mois. En octobre je dirai
qui je suis, ce que je veux et je ferai un miracle que tous pourront voir pour
croire.
Là, elle formula quelques demandes dont je ne me rappelle
plus très bien. Ce dont je me souviens c'est que Notre-Dame a dit qu'il fallait
réciter le chapelet pour obtenir les grâces durant l'année. Et elle continua :
- Sacrifiez-vous pour les pécheurs et dites plusieurs fois,
spécialement lorsque vous ferez un sacrifice :
Ô ! Jésus, c'est par amour pour vous, pour la conversion des pécheurs et en
réparation pour les péchés commis contre le Cœur immaculé de Marie.
En disant ces paroles, elle
ouvrit de nouveau les mains comme lors des deux mois passés. Le reflet parut
pénétrer la terre et nous vîmes quelque chose comme une mer de feu. Plongés
dans ce feu, les démons et les âmes ressemblaient à des braises transparentes,
noires ou bronzées, ayant forme humaine, qui flottaient dans le brasier,
portées par les flammes qui sortaient d'elles, avec des nuages de fumée tombant
de tous côtés, ressemblant à la chute des étincelles dans les grands incendies,
sans poids ni équilibre, au milieu de cris et de gémissements de douleur et de
désespoir, qui horrifiaient et faisaient trembler d'effroi. Les démons se
distinguaient par des formes horribles et sordides d'animaux effrayants et
inconnus, mais transparents comme des braises de charbons noirs.
Effrayés et comme pour appeler au secours, nous avons dirigé
notre regard vers Notre-Dame, qui nous dit avec bonté et tristesse :
- Vous avez vu l'enfer, où
vont les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, Dieu veut établir dans le
monde la dévotion à mon Cœur immaculé. Si l'on fait ce que je vais vous dire,
de nombreuses âmes obtiendront le salut et auront la paix. La guerre va finir,
mais si on ne cesse pas d'offenser Dieu... une autre, bien pire, commencera.
Lorsque vous verrez une nuit éclairée par une lumière inconnue, sachez qu'il
s'agit du grand signe que Dieu vous donne, qu'il va punir le monde de ses
crimes par le moyen de la guerre, de la famine et des persécutions contre
l'Église et le Saint-Père. Pour l'empêcher, je viendrai demander la
consécration de la Russie à mon Cœur immaculé et la Communion réparatrice des
premiers samedis. Si on répond à mes demandes, la Russie se convertira et on
aura la paix; sinon, elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant
des guerres et des persécutions contre l'Église. Les bons seront martyrisés, le
Saint-Père aura beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront anéanties.
Finalement, mon Cœur immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie
qui se convertira, et il sera accordé au monde un certain temps de paix. Au
Portugal se conservera toujours le dogme de la foi. Etc. Cela ne le dites à
personne. À Francisco, oui, vous pouvez le dire.
Quand vous récitez le chapelet, dites après chaque dizaine
:
Ô ! mon Jésus pardonnez-nous, délivrez-nous du feu de l'enfer, attirez
toutes les âmes vers le Ciel, principalement celles qui en ont le plus besoin.
Après un instant de silence, j'ai demandé :
- Vous ne me demandez rien d'autre ?
- Non, aujourd'hui je ne te demande rien d'autre.
Et, comme d'habitude, elle commença à s'élever en direction
du levant jusqu'à disparaître dans l'immensité du firmament.»
Dans le «Etc.», qui suit la promesse que se conservera toujours au Portugal le dogme de la foi, commence la troisième partie du secret écrite par Lucia entre le 22 décembre 1943 et le 9 janvier 1944 et remise à l'évêque de Leiria le 17 juin 1944. L'enveloppe contenant le secret fut envoyée à Rome, en 1957. Le Saint-Père Jean XXIII le lut et le communiqua «à tous les chefs du Saint Office et du Secrétariat d'État et également à quelques autres personnes.» Les papes Paul VI et Jean-Paul II le lurent aussi mais jusqu'à maintenant personne ne jugea prudent de le révéler. Les deux autres parties du secret sont connues depuis 1941.
Première partie : - les châtiments de Dieu pour nos
péchés :
- Dans ce monde : une guerre horrible précédée par une nuit illuminée par une
lumière inconnue, la famine, la persécution religieuse, les erreurs répandues
dans le monde par la Russie, plusieurs nations anéanties.
- Dans l'autre vie : les supplices de l'enfer, dont les pastoureaux ont eu une
vision terrifiante.
Seconde partie :
- les moyens pour éviter ces châtiments :
La dévotion au Cœur immaculé de Marie, avec la pratique réparatrice des
premiers samedis et la consécration de la Russie à ce même Cœur immaculé. À ce
sujet, Lucia écrivit le 19/03/1939 : «De la pratique de la dévotion des
premiers samedis, unie à la consécration du Cœur immaculé de Marie, dépend la
guerre ou la paix dans le monde.»
Au cours de cette visite, Notre-Dame enseigne également aux
voyants (et par leur intermédiaire, à nous tous) une prière en forme d'oblation
devant être répétée «souvent», spécialement à chaque fois que l'on fait un
sacrifice.
1. «Ô ! Jésus, c'est par amour pour vous»
Ce qui n'aura pas pour objet la gloire du Seigneur sera perdu pour le ciel,
comme nous le rappelle l'Évangile : «Gardez-vous de pratiquer votre justice
devant les hommes, pour vous faire remarquer d'eux; sinon, vous n'aurez pas de
récompense auprès de votre Père qui est dans les cieux.» (Mt 6,1) Dans cette
optique, Notre-Dame nous demande de faire tout pour Jésus.
2. «pour la conversion des pécheurs»
Nous avons été sauvés par le sacrifice de la croix (rédemption objective);
notre coopération, passant surtout par notre propre sacrifice, permettra
d'obtenir pour les âmes (la notre et celle de notre prochain) les fruits du
Calvaire (rédemption subjective).
3. «et en réparation pour les péchés commis contre le Cœur
immaculé de Marie.»
Acte de réparation envers le Cœur immaculé de Marie, nouveau noyau central du
message de Fatima.
4. À ces trois intentions, les pastoureaux en ajoutèrent
une quatrième qu'ils exprimèrent par ces mots : «Et par le Saint-Père». Comme
nous le verrons par la suite, le message de Fatima insiste particulièrement sur
l'union et la dévotion au Vicaire du Christ «successeur de saint Pierre et
fondement permanent et visible de l'unité.» (L. G. 23)
source : www.jesusmarie.com