La Passion du Christ

Visions de Maria Valtorta

 

Visionnaire chrétienne née à Caserta en Italie le 14 mars 1897 et décédée le 12 octobre 1961, à l'âge de 64 ans. Son oeuvre en 10 volumes «L'Evangile tel qu'il m'a été révélé» rassemble l’ensemble de ses visions (voir conseil de lecture), dont voici un extrait relatif à la passion.

 

 

Nb : il ne s’agit que de courts passages.

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Jésus dit: "Aucune douleur ne m'a été épargnée: ni celles de la chair, ni celles de la pensée, ni celles du coeur, ni celles de l'esprit. Toutes Je les ai éprouvées, de toutes Je me suis nourri, de toutes Je me suis désaltéré jusqu'à en mourir... Mon humanité fut semblable à celle d'un lépreux tant elle était frappée et humiliée... L'Homme-Dieu qui avait en Lui-même la perfection de la beauté physique apparut alors, aux yeux de ceux qui Le regardaient avec amour, avec curiosité, ou avec mépris, laid: un "ver" comme dit David, l'opprobre des hommes, le rebut du peuple."

"Mon amour pour mon Père et pour les enfants de mon Père M'a amené à abandonner mon corps à ceux qui Me frappaient... à ceux qui croyaient faire une oeuvre méritoire en M'arrachant les cheveux, la barbe, en Me transperçant la tête avec des épines,... en déboîtant mes membres, en découvrant mes os, en arrachant mes vêtements et donnant ainsi à ma pureté la plus grande des tortures, en M'attachant à un bois, en M'élevant comme un agneau égorgé aux crocs d'un boucher..."

"Accusé, condamné, tué, trahi, renié, vendu, abandonné même par Dieu à cause des crimes que J'avais pris sur moi. Devenu plus pauvre qu'un mendiant dépouillé par des brigands,... submergé par la boue de tous vos péchés, précipité jusqu'au fond des ténèbres de la douleur, sans aucune lumière du Ciel... et sans un mot de Dieu qui répondît à mon appel...

"Et s'il n'y avait eu que les blessures de ma chair! Mais ce que vous M'avez le plus blessé c'est le sentiment et l'esprit... frappé dans l'amitié par l'intermédiaire de Judas; dans la fidélité, par l'intermédiaire de Pierre qui Me renia; dans la reconnaissance pour mes bienfaits, par l'intermédiaire de ceux qui Me criaient: "Meurs!" après que Je les eus tirés de tant de maladies; à travers l'amour, pour les déchirements infligés à ma mère; à travers la religion, en déclarant que Je blasphémais Dieu..."

"Mais J'étais venu volontairement pour accomplir le sacrifice... parce que J'étais l'Agneau de Dieu, et Je le suis pour l'éternité."

 

"Je voudrais que vous méditiez la longue agonie qu'elle a soufferte pendant trente trois ans et couronnée au pied de la Croix... Elle l'a soufferte pour vous. Pour vous, les moqueries de la foule qui la considérait comme la mère d'un fou... Pour vous, les reproches des parents, pour vous mon désaveu apparent "Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui font la volonté de Dieu." il n'y a pas eu d'agonie plus longue, et qui ait pris fin dans une douleur plus grande, que celle de sa mère."

 

"Plus l'heure de l'expiation approchait, et plus Je sentais le Père s'éloigner... la séparation d'avec Dieu amène avec elle la peur, elle amène l'attachement à la vie... Quand elle est totale, elle amène au désespoir... J'ai dû tout connaître... même vos désespoirs... Et c'est pour cela que Je demande à mes privilégiés de boire mon calice si amer à l'expérience, pour que ceux qui font naufrage dans la mer du désespoir ne refusent pas la croix que Je leur offre comme ancre de salut."

"Satan est donc venu alors que le Père se retirait... Avec sa ruse parfaite, il Me présenta les tortures de ma chair avec un réalisme insurpassable... Il Me présenta l'inutilité de ma mort, et l'utilité de vivre pour Moi-même, pour ma mère, pour amener les hommes à Dieu par un long apostolat... Il Me présenta l'abandon de Dieu... A cette heure, il n'y avait que Satan près du Christ. Alors J'ai senti l'amertume du fond du calice, la saveur du désespoir.

"Mon esprit domina la peur de la chair... Mon esprit domina la tentation morale... J'ai vaincu le désespoir... Mais J'ai connu la mort, la mort totale, consciente... et J'ai sué le sang."

"Voilà pourquoi l'ange de ma douleur M'a présenté l'espérance de tous ceux qui sont sauvés par mon sacrifice... Chacun a été pour Moi une goutte de remède infusé dans mes veines... Je Me suis répété vos noms, Je vous ai vus..."

 

 

Jésus au mont des oliviers

 

 

"Je suis ton Fils... Tout, mais aide-Moi... Ce que Tu veux... C'est pour eux que Je Te demande pitié... Je les veux sauvés du monde, de la chair, du démon..."

 

"Il est trop amer ce calice! Je ne puis pas... Père éloigne-le... Cependant n'écoute pas ma voix si elle te demande ce qui est contraire à ta volonté... Que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne."

 

"Jésus n'est plus qu'une loque d'homme sur qui pèse tout le péché du monde, sur qui s'abat toute la Justice du Père, sur qui descendent les ténèbres, la cendre, le fiel, cette redoutable, redoutable, absolument redoutable chose qu'est l'abandon de Dieu, pendant que Satan nous torture... C'est l'asphyxie de l'âme..., c'est la folie, l'agonie, le doute de s'être jusqu'alors trompés, c'est la persuasion d'être chassés par Dieu, d'être damnés. C'est l'enfer!"

 

"L'étoffe de son vêtement, tendue sur ses épaules, s'imbibe de sang et devient sombre malgré le grand clair de lune qui L'enveloppe tout entier. Pourtant une clarté plus vive se forme au-dessus de sa tête, suspendue à environ un mètre de Lui, une clarté si vive que même le Prostré la voit filtrer à travers les ondulations des cheveux déjà alourdis par le sang... Il lève la tête... La lune resplendit sur le pauvre visage, et encore plus resplendit la lumière angélique semblable au diamant blanc-azur de l'étoile Vénus. Apparaît alors le sang qui transsude des pores. Les cils, les cheveux, la moustache, la barbe sont aspergés et couverts de sang. Le sang coule des tempes, sort des veines du cou, les mains dégouttent du sang... Les avant-bras suent le sang..."

 

"La lumière angélique décroît tout doucement... Jésus lève la tête: Il est seul, mais il est moins angoissé." "Il va trouver ses disciples. Son visage est très pâle, mais Il n'est plus troublé... Les trois dorment profondément... Plus loin les huit dorment aussi... "

 

"La troupe de sbires commandée par Judas fait irruption sur la petite place tranquille en l'éclairant violemment avec une foule de torches allumées.". Jésus est attaché avec des cordes tandis que les apôtres poussent des cris désordonnés. "Commencent alors la douloureuse marche, les moqueries et les sévices... Jésus, lié aux poignets et jusqu'à la ceinture comme s'Il était un fou dangereux, confié à des énergumènes ivres de haine, est tiré d'un côté et de l'autre comme un chiffon abandonné à la colère d'une meute de chiens... Pour causer plus de douleur ils ont pensé à ce liage de deux cordes opposées, dont l'une sert à emprisonner les poignets et les griffe et les scie par son frottement rugueux, et l'autre, celle de la ceinture, comprime le haut de l'abdomen, en torturant le foie et les reins où l'on a fait un énorme noeud... Jésus tombe brutalement contre la rampe du petit pont, à cause d'un coup plus cruel reçu au moment où Il va franchir le pont sur le Cédron... Puis d'en bas commence une grêle de pierres... (page 209) Tout sert pour frapper Jésus à la tête et au cou. On commence la traversée du faubourg d'Ophel où Jésus a répandu tant de bienfaits et de caresses... Les femmes poussent des cris de douleur et fuient terrorisées."

 

 

Chez Anne

 

 

Arrivé chez Anne, Jésus voit Jean et Pierre. "Il les regarde... et a un sourire d'une infinie bonté... La foule hurlante passe."

 

Quelques phrases de son interrogatoire :

 

"J'ai donné une richesse qui n'a pas de nom: la connaissance de la Loi, la connaissance de Dieu, la certitude que nous sommes tous égaux et que, aux yeux saints du Père, égaux sont les pleurs ou les crimes, qu'ils soient versés ou accomplis par le Tétrarque et le Pontife, ou par le mendiant et le lépreux qui meurt au bord du chemin. C'est cela que J'ai fait..." (page 213)

"Si avec un peu d'eau lustrale et le sacrifice d'un bélier il est permis de croire qu'on annule une faute, qu'on l'expie et qu'on en est purifié, comment ne le pourraient pas mes pleurs, mon sang et ma volonté?" (page 213)

"J'ai repris la Loi piétinée de mon Père, du Dieu Éternel, et Je suis revenu dire simplement les dix propositions du Décalogue."

 

 

Chez Caïphe

 

 

 Les ennemis de Jésus sont tous dans le tribunal de Caïphe, sauf deux qui ont refusé de venir. Gamaliel est inquiet. L'interrogatoire commence. Soudain Gamaliel se lève et dit:

"Illégale est cette séance que nous tenons. Lève-toi, Siméon, et partons."

Nicodème et Joseph ajoutent:

"Gamaliel a raison. Illicite est l'heure et l'endroit, et les accusateurs manquent de consistance. Quelqu'un peut-il l'accuser d'avoir méprisé notoirement la Loi? Je suis son ami et je jure que je l'ai toujours trouvé respectueux envers la loi." Caïphe se met à brailler et fait entrer les faux témoins... Joseph se fâche et dit: "Que s'ouvrent sur toi les flammes du Ciel! A partir de ce moment, sache que Joseph l'Ancien est ennemi du Sanhédrin et ami du Christ!"

 

Jésus déclare :

 

"Je suis le Christ, Fils de Dieu. Je ne puis mentir. Le Grand Prêtre, le Prêtre Éternel, c'est Moi... Je suis l'Oint. Pontife et Roi, Je suis. Et Je vais prendre mon sceptre et avec lui, comme un van, purifier l'aire..." Mon Temple se dressera, le Temple du Dieu vrai, vivant, saint, trois fois saint."

 

 

Condamnation de Jésus

 

 

Les bourreaux fatigués songent à prendre un peu de repos. Ils mènent Jésus dans un débarras en Lui faisant traverser de nombreuses cours..."


"L'aube avance... Un ordre est donné de ramener le prisonnier dans la salle du conseil pour un procès légal. C'est le moment où Pierre nie pour la troisième fois, de connaître le Christ: "Je le jure, femme. Je ne le connais pas." affirmation à laquelle répond le chant du coq. Pierre sursaute. Il se tourne sur lui-même pour fuir et se trouve en face de Jésus qui le regarde avec une infinie pitié... Pierre fait entendre un sanglot et sort en titubant."

"Jésus est ramené dans la salle et les princes des prêtres et les pharisiens Lui répètent la même question: "Au nom du vrai Dieu, dis-nous: es-Tu le Christ?" Sur la réponse affirmative de Jésus, ils Le condamnent à mort et donnent l'ordre de Le conduire à Pilate."

 

 

Chez Pilate

 

 

"Vous avez besoin de Rome! Oui! Pour vous débarrasser de Lui qui vous gêne. J'ai compris." Pilate rit et va vers Jésus: "Es-Tu le Roi des juifs?... Je sais que Tu es loyal. Parle. Est-ce vrai que Tu aspires à régner?"

 

-"Qu'est-ce que la vérité? Tu es philosophe? Cela ne sert pas devant la mort. Socrate est mort quand même.
-"Mais cela lui a servi devant la vie, à bien vivre et aussi à bien mourir, répond Jésus. Et à entrer dans la seconde vie sans avoir trahi les vertus civiques."

 

   Pilate sortit "pour entendre ce qu'avait la foule, il comprit d'un seul regard, que le coupable, ce n'était pas Jésus, mais ce peuple ivre de haine. Jésus eut pour lui de la pitié parce que c'était un faible. Et en Pilate, il y eut de la pitié pour Jésus, parce qu'Il était innocent... Pilate tenta de sauver Jésus en disant: "Jugez-Le selon votre loi." ... Mais ... pour ne pas accomplir matériellement le crime dont ils sentaient, par instinct, qu'ils seraient punis, les juifs le firent accomplir par Rome."

 

Pilate propose alors la flagellation pour Jésus: "C'est atroce, savez-vous? On peut en mourir. Qu'a-t-il fait de mal? je ne trouve aucune faute en Lui et je Le délivrerai." Mais les juifs exigent que Jésus soit crucifié. Pilate commande alors la flagellation à un centurion.

"-Combien de coups?
-Autant qu'il te semble... Le tout est d'en finir. Et je suis ennuyé. Va."

 

"Dans cette cour... il y a une haute colonne. A environ trois mètres du sol elle a un bras de fer qui dépasse d'au moins un mètre et se termine en anneau. On y attache Jésus avec les mains jointes au-dessus de la tête, après l'avoir fait déshabiller. Il ne garde qu'un petit caleçon de lin et ses sandales. (Ici on remarque une légère différence avec les visions de Marie d'Agreda et d'Anne-Catherine Émmerick) Les mains, attachées aux poignets, sont élevées jusqu'à l'anneau, de façon que Lui, malgré sa haute taille, n'appuie au sol que la pointe des pieds... Et cette position doit être aussi une torture."

Les deux bourreaux sont armés d'un fouet fait de sept lanières de cuir attachées à un manche et qui se terminent par un martelet de plomb. Ils frappent rythmiquement le corps de Jésus. "Ils frappent en particulier le thorax et l'abdomen, mais il ne manque pas de coups donnés aux jambes et aux bras et même à la tête, pour qu'il n'y eût pas un lambeau de la peau qui ne souffrît pas. Et pas une plainte... S'Il n'était soutenu par les cordes, Il tomberait... Seulement, après la grêle de coups qu'Il a reçus, sa tête pend sur sa poitrine, comme s'Il s'évanouissait.

-Ohé! Arrête-toi! Il doit être tué vivant, bougonne un soldat." (page 229)

On délie Jésus qui s'abat sur le sol comme s'Il était mort. On Le fait revenir à Lui en renversant sur sa tête une cuvette d'eau. "Jésus ouvre les yeux, les tourne. Un regard voilé...

-Habille-Toi. Ce n'est pas décent de rester ainsi. Impudique!

Et ils rient tous, en cercle autour de Lui."

 

Enfin ils mettent un sale chiffon rouge sur les épaules de Jésus. Avant de mettre dans ses mains le roseau, ils Lui en donnent des coups sur la tête en s'inclinant et en saluant: "Salut, roi des juifs." Et ils se tordent de rire."

 

Jésus est ramené chez Pilate

 

"Voilà l'homme." dit Pilate

 

"D'où viens-tu? Qu'est-ce que Dieu?
-C'est le Tout.
-Et puis? Que veut dire le Tout? Qu'est le Tout pour celui qui meurt? Tu es fou... Dieu n'existe pas. Moi j'existe... Ne sais-tu pas que j'ai le pouvoir de Te libérer ou de Te crucifier?
-Tu n'aurais sur Moi aucun pouvoir s'il ne t'avait été donné d'en haut. Aussi celui qui M'a mis entre tes mains est plus coupable que toi.
-Qui est-ce? Ton Dieu? J'ai peur...

Jésus se tait. Pilate est sur des charbons ardents." Il craint le châtiment de Dieu et celui de Rome. Finalement il déclare: "Il n'est pas coupable."

Mais face aux cris, aux menaces et à la haine des juifs, et submergé par la peur, Pilate se lave les mains et décide la mort de Jésus.

 

 

Le portement de la croix, montée au Calvaire

 

 

  Jean arrive au Cénacle "et tombe à genoux contre le siège sur lequel était Jésus et il pleure en l'appelant douloureusement... Puis il dit: "Oh! Dieu Très-Haut, aide-moi! Aide-moi à le dire à la Mère! Je n'en ai pas le courage!... Et pourtant je dois le dire. C'est moi qui dois le dire puisque je suis resté seul!" ...

-Jean, tu es venu? Marie est apparue à la porte de sa pièce, s'appuyant à l'huisserie comme si elle n'avait pas la force de rester debout toute seule." Jean la regarde et pleure.

-Viens ici, Jean, ne pleure pas. Toi, tu ne dois pas pleurer. Tu l'as toujours aimé et rendu heureux. Que cela te réconforte." "Il sanglote: Pardon! Pardon! Mère, pardon!"

-Que devrais-je te pardonner, à toi, pauvre enfant? Paix Jean. Lui te pardonne, t'a déjà pardonné...
-Mais je n'ai pas su Le comprendre, pas même hier soir... et j'ai dormi alors que Lui demandait le réconfort de notre veille. Je L'ai laissé seul, mon Jésus! Et puis je me suis enfui quand ce maudit est venu avec ses brigands...
-Jean, ne maudis pas. Ne hais pas, Jean. Laisse au Père le jugement à faire. Écoute: où est-Il maintenant?"

 

-Ne mens pas Jean... Je sais. Depuis hier soir je L'ai suivi dans sa douleur. Tu ne le vois pas, mais mes chairs sont meurtries par sa flagellation, mais sur mon front se trouvent les épines, j'ai senti les coups... tout. Mais maintenant je ne vois plus. Maintenant j'ignore où est mon Fils condamné à la croix!... A la croix!... à la croix!... Allons Jean, où est Jésus?
-Il est parti de la maison de Pilate... vers le Golgotha."

 

"Avant que Jésus soit conduit dehors, sur le chemin, pour recevoir la croix et se mettre en marche, Longin L'a regardé deux ou trois fois avec une curiosité déjà nuancée de compassion... On apporte les croix: celles des deux larrons sont plus courtes. Celle de Jésus est beaucoup plus longue. Je dis que la pièce verticale n'a pas moins de quatre mètres. Je la vois apportée déjà formée."

 

 

"Maintenant ils sont prêts, et Longin donne l'ordre de marche... Jésus est dans des conditions de grande faiblesse... Jésus avance haletant. Chaque trou de la route est un piège pour son pied qui vacille et une torture pour ses épaules écorchées, pour sa tête couronnée d'épines sur laquelle descend à pic un soleil exagérément chaud qui de temps à autre se cache derrière un rideau de nuages de plomb... Jésus bute contre les pierres et contre les trous et chaque fois qu'Il bute, c'est une douleur car Il remue brusquement la croix qui heurte la couronne, qui se déplace sur l'épaule écorchée, qui élargit la plaie et augmente la douleur... Un peu avant d'arriver à la porte Judiciaire, Jésus a failli tomber... Au-delà de la porte, il y a un torrent et un petit pont. Nouvelle fatigue pour Jésus d'aller sur ces planches disjointes...

Dans la montée du Calvaire se trouve une pierre qui dépasse. Jésus lève le pied un peu trop, bute et tombe sur le genou droit...

L'écriteau cahote devant Lui et Lui gêne la vue et son long vêtement, maintenant qu'Il avance courbé, traîne par terre par devant et gêne sa marche. Jésus bute de nouveau et tombe sur les deux genoux... la croix échappe de ses mains et tombe après Lui avoir frappé fortement le dos... On voit nettement sur son épaule droite la plaie faite par le frottement de la croix qui a ouvert les plaies nombreuses de la flagellation... Les gens applaudissent, heureux de ces chutes si mauvaises."

 

Jésus tombe, Longin, apercevant une charrette chargée de salades pense que le Cyrénéen pourra lui être utile. Voyant Marie il ordonne: "Laissez passer la femme." Puis au Cyrénéen: "Tu vois cet homme?.. Il ne peut plus avancer ainsi chargé. Tu es fort. Prends sa croix et porte-la à sa place jusqu'à la cime."

 

Symon de Cyrène rejoint Jésus "juste au moment où ce dernier se tourne vers sa Mère qu'Il voit seulement venir... Jésus crie: "Maman!"... Dans cette parole il y a la confession de toute sa terrible douleur de l'esprit, du moral et de la chair. C'est le cri déchiré et déchirant d'un enfant qui meurt seul, parmi les argousins et au milieu des pires tortures... Marie crie: "Fils!"

Le Cyrénéen a pitié... et se hâte d'enlever la croix, avec la délicatesse d'un père, pour ne pas heurter la couronne et ne pas frotter les plaies... Le cortège se remet en marche sous la poussée des flots d'un peuple furieux qui... repousse la Mère contre la montagne, l'exposant au mépris de tout un peuple... Maintenant, derrière Jésus, marche le Cyrénéen portant la croix."

 

 

endant que les hommes préposés à l'exécution préparent leurs instruments en achevant de vider les trous -les trous qui recevront les croix-, et que les condamnés attendent dans leur carré, les juifs... insultent la Mère: "A mort les galiléens!... A mort le blasphémateur galiléen! Clouez sur la croix même le sein qui l'a porté! Loin d'ici les vipères qui enfantent les démons! A mort! Purifiez Israël des femmes qui s'allient au bouc!"

...Tout est prêt. On fait monter les condamnés. Jésus passe encore une fois près de la Mère qui pousse un gémissement qu'elle cherche à freiner en portant son manteau dans sa bouche. Les juifs la voient et rient et se moquent d'elle... Le centurion donne au Cyrénéen l'ordre de s'en aller. Les deux larrons jettent par terre leurs croix en blasphémant. Jésus se tait."

 

 

Le crucifiement

 

 

"Quatre hommes musclés, vêtus de tuniques courtes et sans manche ont dans les mains des clous, des marteaux et les cordes qu'ils montrent aux condamnés en se moquant d'eux. La foule est agitée par un cruel délire... Le centurion offre à Jésus une amphore pour qu'Il boive la mixture anesthésique du vin myrrhé. Mais Jésus la refuse. Les deux larrons, au contraire, en boivent une quantité...

Ordre est donné aux condamnés de se dévêtir... Les bourreaux offrent aux condamnés trois loques pour qu'ils se les attachent à l'aine... Marie a vu et elle a enlevé le long et fin linge blanc qui lui voile la tête sous le manteau... Elle le donne à Jean pour qu'il le présente à Longin pour son Fils... Jésus s'en enveloppe...

 

Doux, Il s'allonge sur le bois... Il se couche et met la tête où on lui dit de la mettre. Il ouvre les bras comme on Lui dit de le faire, allonge les jambes comme on le Lui ordonne... Deux bourreaux s'assoient sur la poitrine pour la tenir immobile... Un troisième Lui prend le bras droit... Le quatrième... regarde si le trou déjà fait dans le bois correspond à la jointure radio-ulnaire du poignet." Tout va bien: le premier coup de marteau est donné. Jésus pousse un cri: ses yeux sont baignés de larmes...

 

"La main droite est clouée. On passe à la gauche. Le trou ne correspond pas au carpe. Alors ils prennent une corde, lient le poignet gauche et tirent jusqu'à déboîter la jointure et arracher les tendons et les muscles... On arrive à peine au commencement du métacarpe, près du poignet. Ils se résignent et clouent où ils peuvent, entre le pouce et les autres doigts, exactement au centre du métacarpe..."

 

"Jésus ne crie plus. Il pousse seulement une plainte rauque derrière ses lèvres fortement fermées, et des larmes de douleur tombent par terre...

Maintenant, c'est le tour des pieds. A deux mètres et plus de l'extrémité de la croix, il y a un petit coin, à peine suffisant pour un pied. On y porte les pieds pour voir si la mesure est bonne, et comme il est un peu bas, et que les pieds arrivent difficilement, on étire par les chevilles le pauvre Martyr... La couronne déplacée menace de tomber. Un bourreau, d'un coup de poing, la remet en place... Ceux qui étaient assis sur la poitrine de Jésus se lèvent pour se placer sur les genoux... Ils pèsent sur les genoux et pressent les jambes pendant que les deux autres accomplissent le travail, beaucoup plus difficile de clouer un pied sur l'autre en cherchant à combiner ensemble les deux jointures des tarses."

 

On n'entend que le bruit atroce du marteau sur la tête du clou et "le rauque gémissement de Marie qui se courbe de plus en plus à chaque coup, comme si le marteau la blessait, elle, la Mère Martyre."

 

"Maintenant la croix est traînée près du trou et elle rebondit sur le sol inégal en secouant le pauvre Crucifié. On dresse la croix qui échappe par deux fois à ceux qui la lèvent, et retombe... en donnant un affreux tourment à Jésus, car la secousse... déplace les membres blessés... Ensuite, quand on laisse tomber la croix dans son trou... la souffrance doit être atroce."

"Tout le poids du corps se déplace en avant et vers le bas et les trous" des mains et des pieds s'élargissent. Le sang coule plus fort.

 

 

Mort de Jésus – dernières paroles

 

 

  Les gens, "en commençant par les prêtres, scribes, pharisiens, sadducéens, hérodiens et autres du même acabit" se divertissent en passant au pied de la cime sans manquer d'offrir leurs "paroles blasphématrices en hommage au Mourant. Toute la turpitude, la cruauté, la haine et la folie dont les hommes sont capables avec la langue sortent à flots de ces bouches infernales." D'autres lancent des pierres. D'autres singent les hosannas du dimanche des Rameaux: "Maudit celui qui vient au nom du Démon. Maudit son royaume."

 

"L'autre larron, celui de droite, a Marie presque à ses pieds et il la regarde presque plus qu'il ne regarde Jésus. Depuis un moment il pleure en murmurant: "La mère!" Il dit à l'autre: "Tais-toi. Tu ne crains pas Dieu, même maintenant?..." Mais l'autre continue ses imprécations. Jésus se tait."

 

"Rappelle-toi que nos mères ont pleuré à cause de leurs fils... Nos mères sont mortes... Je voudrais pouvoir lui demander pardon... C'était une sainte... Je l'ai tuée par la douleur que je lui ai donnée. Mère, au nom de ton Fils mourant, prie pour moi." Dismas pleure plus fort, ce qui déchaîne encore plus les moqueries de la foule.

Jésus parle pour la première fois: "Père, pardonne-leur parce qu'ils ne savent pas ce qu'ils font!" Cette prière vainc toute crainte chez Dismas. Il ose regarder le Christ et dit: "Seigneur, souviens-Toi de moi quand Tu seras dans ton Royaume..."

 

Dismas, le bon larron, dit alors : "De mes péchés je me repens devant Toi, Fils du Très-Haut. Je crois que Tu viens de Dieu. Je crois en ton pouvoir. Je crois en ta miséricorde. Christ, pardonne-moi au nom de ta Mère et de ton Père très Saint." "Jésus Nazaréen, roi des juifs, aie pitié de moi. Jésus Nazaréen, roi des juifs, j'espère en Toi. Jésus Nazaréen, roi des juifs, je crois à ta divinité."

 

Jésus murmure : "Maman! Maman!"

 

"Cependant beaucoup de gens commencent à s'impressionner de la lumière qui enveloppe le monde, et certains ont peur... C'est dans cette lumière crépusculaire et effrayante que Jésus donne Jean à Marie."

 

"De cette lumière de fond marin sortent Nicodème et Joseph qui disent: "Écartez-vous... Nous sommes des amis du Christ."

Les chefs des prêtres se tournent: "Qui ose se déclarer comme ami du rebelle?"...

-Moi, noble membre du Grand Conseil: Joseph d'Arimathie, l'Ancien, et j'ai avec moi Nicodème, chef des juifs.
-Qui pactise avec le rebelle est un rebelle.
-Et qui pactise avec les assassins est un assassin, Éléazar d'Anna. J'ai vécu en juste. Et maintenant je suis âgé et près de mourir. Je ne veux pas devenir injuste lorsque déjà le Ciel descend sur moi et avec Lui le Juge Éternel.
-Et toi Nicodème! Je m'étonne!
-Moi aussi, et d'une seule chose: qu'Israël soit tellement corrompu qu'il ne sait plus reconnaître Dieu."

 

"Ils Le voient et ils pleurent sans respect humain, bien que sur eux s'acharnent les imprécations des prêtres...

La lumière est désormais couleur de cendre. Seuls peuvent voir Jésus ceux qui sont au pied de la Croix. Soudain Jésus s'affaisse comme s'Il était mort et Marie pousse un cri: "Il est mort!"

-Ce n'est pas possible crient les prêtres... qui lancent une volée de pierres vers la Croix.

Jésus revient à Lui... Il recommence à respirer avec beaucoup de peine... Et vers le ciel noir, fermé, compact, bas, semblable à une énorme plaque d'ardoise sombre, Il pousse un grand cri: "Éloi! Éloi! lamma scébacténi!"

 

Les juifs rient... Personne ne vient du Ciel pour réconforter Jésus. C'est l'agonie solitaire, totale, cruelle, même surnaturellement cruelle, de la Grande Victime... Et c'est le tourment final... celui qui termine ce que la première connaissance de cet abandon a commencé: la mort. Car c'est de cela qu'est mort Jésus, ô Dieu qui l'as frappé à cause de nous!

L'obscurité devient encore plus épaisse... On entend la voix plaintive de Jésus: "J'ai soif!"

 

"Maman!" Et la malheureuse murmure: "Oui, mon trésor, je suis ici."

Mais Jésus ne la voit plus, alors: "Maman, où es-tu? Je ne te vois plus. Toi aussi tu M'abandonnes?
-Non, non Fils! Moi je ne T'abandonne pas!... Maman est ici... et son seul tourment est de ne pas pouvoir venir où Tu es..."

 

C'est un déchirement. Jean pleure sans retenue. La mort imminente fait parler Jésus comme s'Il délirait... Un silence. Puis nette dans l'obscurité totale, la parole: "Tout est accompli!" et ensuite c'est le halètement de plus en plus rauque avec, entre les râles, des intervalles de silence de plus en plus longs...

Encore un silence. Puis, prononcée avec une infinie douceur, dans une ardente prière, la supplication: "Père, entre tes mains Je remets mon esprit!"... Un dernier spasme, et un cri puissant, impensable en ce corps épuisé, se dégage, déchire l'air, le grand cri dont parlent les Évangiles et qui est la première partie du mot: "Maman"... Et plus rien.

 

 

Tremblement de terre

 

 

La terre répond au Cri de Celui qu'on a tué par un grondement effrayant... Des éclairs sillonnent le ciel en tous sens... Et puis, tout à coup, pendant que durent encore les décharges de la foudre, la terre s'ébranle en un tourbillon de vent cyclonique. Le tremblement de terre et la trombe d'air se fondent pour donner un châtiment apocalyptique aux blasphémateurs. Le sommet du Golgotha ondule et danse... Par trois fois se répètent le tremblement de terre et la trombe d'air, puis c'est l'immobilité absolue d'un monde mort."

Des juifs fuient dans tous les sens... une maison brûle à l'intérieur des murs de la ville. Trois fois Marie appelle: "Jésus! Jésus! Jésus!"

 

"Je n'ai plus de Fils!" Elle vacille et tomberait si Jean ne la recueillait toute sur son coeur, puis il s'assoit par terre pour mieux la soutenir... jusqu'à ce que les Marie remplacent l'apôtre auprès de la Mère. Elles, en effet, ne sont plus retenues par le cercle supérieur des soldats, car, maintenant que les juifs se sont enfuis, ils se sont rassemblés sur la petite place qui est au-dessous pour commenter l'évènement."

 

"Longin se met en face du Crucifié, étudie bien le coup, et puis le donne. La large lance pénètre profondément de bas en haut, de droite à gauche... De la blessure suinte beaucoup d'eau et à peine un filet de sang qui forme déjà des grumeaux. Puis Longin dit à Jean:

-C'est fait, ami. C'est mieux ainsi. Comme à un cavalier, et sans briser les os... C'était vraiment un juste!"

 

 

 

 

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