XLIX. QUELQUES LOCALITÉS DE
L'ANCIENNE JERUSALEM
Souvent Anne Catherine, lorsqu'elle décrivait la situation le certains
lieux, entrait dans des détails si minutieux qu'il était presque impossible de
les bien saisir ; car, pendant que ses maladies la retenaient couchée sur son
lit, elle se tournait en esprit de côté et d'autre vers les objets qu'elle
contemplait et on était très exposé à confondre les directions à droite et à
gauche qu'elle indiquait de la main tout en racontant. Nous plaçons ici quelques-unes
de ces descriptions de lieux que nous avons coordonnées d'après les détails
donnés par la soeur à différentes reprises et sans variation essentielle. Nous
les faisons suivre de celle du sépulcre et du jardin de Joseph d'Arimathie,
afin de ne pas trop interrompre le récit de la mise au tombeau de
Notre-Seigneur.
La
première porte située à l'orient de Jérusalem, au midi de l'angle sud-est du
Temple est celle qui conduit dans le faubourg d'Ophel. La porte des Brebis est
celle qui, au nord, est la plus rapprochée de l'angle nord-est du Temple. Entre
ce, deux portes on en a, assez récemment, pratiqué une autre qui conduit à
quelques rues situées à l'orient du Temple, et habitées, pour la plupart, par
des tailleurs de pierre et d'autres ouvriers. Les maisons dont elles se
composent s'appuient aux fondations du Temple, et appartiennent presque toutes
à Nicodème, qui les a fait bâtir. Les ouvriers lui payent un loyer, soit en
argent, soit en travaillant pour lui : car ils sont en rapport habituel avec lui
et son ami Joseph d'Arimathie, lequel possède dans son pays natal de grandes
carrières de pierres qu'il exploite. Nicodème a récemment fait faire une belle
porte qui conduit à ces rues, et qu'on appelle à présent porte de Moriah venait
d'être finie, et Jésus était entré par là le premier dans la ville, le dimanche
des Rameaux. Ainsi il entra par la porte neuve de Nicodème, où personne n'avait
passé, et fut enterré dans le sépulcre neuf de Joseph d'Arimathie, où personne
n'avait encore reposé. Cette porte fut murée postérieurement, et il y avait une
tradition portant que les chrétiens devaient uns autre fois entrer par là dans
la ville. Maintenant encore, il y a de ce côté uns porte murée que les Turcs
appellent la porte d'Or.
Le chemin qui irait directement de la porte des Brebis au couchant, si
l'on pouvait passer à travers tous les murs, aboutirait à peu près entre le
côté nord-ouest de la montagne de Sion et le Calvaire. De cette porte au
Calvaire il y a, en ligne droite, à peu près trois quarts de lieue ; du palais
de Pilate au Calvaire, toujours en ligne droite, il y a environ cinq huitièmes
de lieue. La forteresse Antonia est située au nord-ouest de la montagne du
Temple, sur un rocher qui s'en détache. Quand on va au couchant, en sortant du
palais de Pilate par l'arcade de gauche, on a cette forteresse à gauche : il y
a sur un de ses murs une plate-forme qui domine le forum. C'est de là que
Pilate fait des proclamations au peuple, par exemple quand il promulgue de
nouvelles lois. Sur le chemin de la croix, dans l'intérieur de la ville, Jésus
avait souvent la montagne du Calvaire à sa droite. Ce chemin, qui, par
conséquent, devait être en partie dans la direction du sud-ouest, conduisait à
une porte percée dans un mur intérieur de la ville qui court vers Sion,
quartier dont la situation est très élevée. Hors de ce mur est au couchant une
espèce de faubourg où il y a plus de jardins que de maisons ; il y a aussi vers
le mur extérieur de la ville de beaux sépulcres avec des entrées en maçonnerie
et taillées avec art dans le roc, souvent ils sont entourés de jolis jardins.
De ce côté est une maison appartenant à Lazare, avec de beaux jardins
s'étendant vers la ports de l'angle qui est le lieu où le mur extérieur
occidental de Jérusalem tourne au midi. Je crois qu'à côté de la grande porte
de la ville, une petite porte particulière, percée dans le mur d'enceinte et où
Jésus et les siens passaient souvent avec l'autorisation de Lazare, conduit
dans ces jardins. La porte située à l'angle nord-ouest de la ville conduit à
Bethsur, qui est plus au nord qu'Emmaüs et Joppé.
Au nord de ce mur extérieur de la ville, il y a plusieurs tombeaux de
rois. Cette partie occidentale de Jérusalem est la moins habitée et la moins
élevée ; elle descend un peu vers le mur d'enceinte et se relève avant d'y
arriver : sur cette pente sont des jardins et des vignes derrière lesquels
circule en dedans des murs, une large chaussée, où des chariots peuvent passer
en certains endroits et d'où partent des sentiers pour monter aux murs et aux
tours ; ces dernières n'ont, comme les nôtres des escaliers intérieurs. De
l'autre côté, à l'extérieur de là ville, le terrain est en pente vers la
vallée, de sorte que les murailles qui entourent cette partie basse de la ville
semblent bâties sur un terrassement élevé. Sur la pente extérieure on trouve
encore des jardins et des vignes. Le chemin où Jésus porta sa croix ne passait
pas par cette partie de la ville où il y a tant de jardins : lorsqu'il approcha
du terme, il l'avait à sa droite, du côté du nord. C'était de là que venait
Simon le Cyrénéen. La porte par laquelle sortit Jésus ne regarde pas tout à
fait le couchant, mais sa direction est au sud-ouest. Le mur de la ville à
gauche en sortant de la porte court un peu au sud, revient à l'ouest et se
dirige de nouveau au sud pour entourer la montagne de Sion. De ce côté, à
gauche en sortant, se trouve dans la direction de Sion, une grosse tour
semblable à une forteresse. La porte par où Jésus sortit est voisine d'une
autre porte plus au midi ; ce sont, je crois, les deux portes de la ville les
plus rapprochées l'une de l'autre. Cette seconde porte conduit au couchant dans
la vallée, et le chemin tourne ensuite à gauche vers le midi dans la direction
de Bethléem. Peu après la porte où aboutit le chemin de la croix, la route
tourne à droite et se dirige au nord vers la montagne du Calvaire, qui est très
escarpée au levant, du côté de la ville, et en pente douce vers le couchant. De
ce côté, où l'on voit la route d'Emmaüs, est une prairie voisine du chemin,
dans laquelle je vis Luc cueillir diverses plantes lorsque Cléophas et lui
allèrent à Emmaüs après la résurrection et rencontrèrent Jésus. Jésus sur la
croix avait la face tournée vers le nord-ouest. En tournant la tête à droite,
il pouvait voir quelque chose de la forteresse Antonia. Prés des murs, au
levant et au nord du Calvaire, il y a aussi des jardins, des tombeaux et des
vignobles. La croix fut enterrée au nord-est au pied du Calvaire. Au delà de
l'endroit où la croix fut retrouvée, il y a encore, au nord-est, de beaux
vignobles plantés en terrasse. Lorsque, du lieu où était érigée la croix, on
regarde vers le midi, en voit la maison de Caïphe au-dessous du château de
David.
Le
jardin de Joseph d'Arimathie (1) est situé près de la porte de Bethléhem, à
sept minutes environ du Calvaire ; c'est un beau jardin avec de grands arbres,
des bancs, des massifs qui donnent de l'ombre : il va en montant jusqu'aux murs
de la ville. Quand dans la vallée on vient de la farde septentrionale et qu'on
entre dans le jardin, le terrain monte à gauche vers le mur de la ville ; puis
on voit, à sa droite, au bout du jardin, un rocher séparé où est le tombeau.
Apres être entré dans le jardin, on tourne à droite pour arriver à la grotte
sépulcrale qui s'ouvre vers le levant, du côté où le terrain monte vers le mur
de la ville. Au sud-ouest et au nord-ouest du même rocher sont deux sépulcres
plus petits, également neufs, avec des entrées surbaissées. A l'ouest de ce
rocher passe un sentier qui eu lait le tour. Le terrain devant l'entrée du
sépulcre est plus élevé que cette entrée, et il y a des marches pour y
descendre.
(1) Nous devons dire ici que, pendant
les quatre années dans le cours desquelles la soeur Emmerich eut ses visions,
elle raconta ce qui advint des saints lieux de Jérusalem depuis les premiers
temps jusqu'à nos jours. Elle les vit plus d'une fois dévastés et profanes,
mais toujours l'objet d'un culte public ou secret. Elle vit beaucoup de pierres
et de fragments de rochers, témoins de
On
se trouve alors comme dans un petit fossé devant la paroi orientale du rocher.
Cet abord extérieur est fermé par une barrière en clayonnage. Le caveau est
assez spacieux pour que quatre hommes à droite et quatre hommes à gauche
puissent se tenir adossés aux parois, sans gêner les mouvements de ceux qui
déposent le corps. Vis-à-vis l'entrée se trouve une espèce de niche formée par
la paroi du rocher qui s'arrondit en voûte au-dessus de la couche sépulcrale,
laquelle est élevée d'environ deux pieds au-dessus du sol avec une excavation
destinée à recevoir un corps enveloppé dans ses linceuls. Le tombeau ne tient
au rocher que par un côté, comme un autel : deux personnes peuvent se tenir à
la tête et aux pieds, et il y a encore place pour une personne en avant, quand
même la porte de la niche où est le tombeau serait fermée. Cette porte est en
métal, peut-être en cuivre ; elle s'ouvre à deux battants qui ont leur point
d'attache aux parois latérales ; elle n'est pas tout à fait perpendiculaire,
mais un peu inclinée en avant de la niche, et elle descend assez prés du sol
pour qu'une pierre mise devant puisse l'empêcher de s'ouvrir. La pierre
destinée à cet usage est encore devant l'entrée du caveau : aussitôt après la
mise au tombeau du Sauveur, on la placera devant la porte. Cette pierre est
fort grosse et un peu arrondie du côté de la porte de la niche parce que la
paroi de rocher où celle-ci s'ouvre n'est point coupée à angle droit. Pour
rouvrir les deux battants, il n'est pas nécessaire de rouler la pierre hors du
caveau, ce qui serait très difficile, à cause du peu d'espace ; mais on fait
passer une chaîne, qui descend de la voûte, dans quelques anneaux fixés à la
pierre ; on la soulève par ce moyen, quoique toujours à force de bras, et on la
met de côté contre la paroi du caveau. Vis-à-vis l'entrée de la grotte, est un
banc de pierre ; on peut monter de là sur le rocher qui est couvert de gazon et
d'où l'on voit par-dessus lei murs de la ville les points les plus élevés de
Sion et quelques tours. On voit aussi de là la porte de Bethléem et la fontaine
de Gihon. Le rocher à l'intérieur est blanc avec des veines rouges et bleues.
Tout le travail de la grotte est fait avec beaucoup de soin.